Ne pas choisir c’est renoncer
Tautologiquement parlant, faire un choix, c’est renoncer à ce qu’on ne choisit pas.
Soit, merci Toto.
Je parle ici de choix impactant, pas de savoir si on mange une pizza ou des sushis ce soir.
Choisir implique le deuil de ce que l’on n’aura pas ou plus. De ce qui ne pourra pas advenir.
Mais c’est aussi consacrer la possibilité que ce que l’on a choisi advienne.
Advenir : « Se produire, comme une chose possible, mais de manière non absolument prévisible, quoiqu’attendue* ».
Advenir, c’est aussi « parvenir à, réussir ». Ad-venir. Aller vers. Du vieux français avenir. A-devenir.
Faire le pari qu’advienne ce pour quoi on s’est engagé, et par là-même assumer le risque que les choses ne se passent pas comme prévu, comme on les avait imaginées, dans le meilleur des mondes.
Le choix dicte le mouvement. Du présent vers l’avenir, de la pensée vers l’action, de l’abstrait au concret, du désiré à l’assumé.
De la sorte, renoncer est un choix à part entière. Celui de ne pas attendre que le destin ou les Autres décident à notre place, ou qu’advienne - ou non - quelque chose dont on se fout un peu, au fond. Le hasard ne fait pas toujours bien les choses. Le hasard ne décide pas…
Aussi, « ne pas choisir c’est renoncer à faire des choix » (Abel, mon fils aîné). Je dirais même, c’est renoncer à faire ses choix.
La difficulté de choisir se figure dans différentes peurs : peur de se compromettre, de se tromper, de regretter, de perdre quelque chose ou quelqu’un, d’affronter l’inconnu, de manquer des opportunités, de ne pas plaire, de décevoir, de ne pas être à la hauteur, de ne plus être aimé…et, celle qui résume tout : la peur de ne pas faire le bon choix !
Lorsqu’on sait où se trouve son désir, les choix s’imposent. Le désir donne le cap. Pour autant, le cap n’est pas facile à suivre, les craintes s’affrontent souvent au désir.
Connaître son désir, et l’assumer, rend possible de tenir la barre. De rendre nos plaintes accessoires, si notre désir est au centre. Le désir ne saurait être partout, en toute chose.
La perte devient alors acceptable - presque rassurante « je sais que je fais le bon choix » - au profit d’enjeux plus importants : la construction de son individualité et l’exercice de sa liberté. C’est Moi qui décide.
Choisir, c’est ne pas renoncer à son désir. Embrasser le mouvement de la vie, et ses incertitudes, dans la direction que l’on fait sienne.
Être ou ne pas être l’auteur de sa propre histoire.
* https://www.cnrtl.fr/definition/advenir